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Le blog de Jacques Chalmeau

La vie d'un chef d'orchestre

L'âme russe (2) l'Orchestre Philharmonique du Pays d'Aix

L'âme russe (2) l'Orchestre Philharmonique du Pays d'Aix

L'ÂME RUSSE (2)

Il y a cinq ans déjà, nous avions rendu un premier hommage à la musique russe, ce qui nous avait permis d'entendre les musiques de Tchaïkovski, Borodine, Rimski-Korsakov et Stravinski, quatre maîtres incontestés de l'histoire de la musique.

Nous revenons aujourd'hui à cette musique russe qui occupe une part si importante des programmes de concerts par une deuxième hommage : d'une part avec Tchaïkovski (1840-1893) et sa sublime sixième symphonie opus 74 dite Pathétique et d'autre part avec Schostakovitch (1906-1975), géant musical parfois mal connu du XXe siècle, dont la production musicale énorme livre toujours des œuvres extrêmement originales et intéressantes, avec son remarquable premier concerto pour violoncelle opus 107.

Piotr Illich Tchaïkovski disait de sa dernière symphonie, qu'elle avait été écrite avec son « sang ». Nul pathos outrancier sans cette affirmation, simplement il exprimait ainsi, à quel point les mois qui avaient précédé la composition de cette œuvre avaient été difficiles pour lui. Chacun sait que le compositeur malgré un succès international jamais démenti, fut confronté dans sa vie privé à des problèmes personnels tels, que certains historiens parlèrent de suicide pour expliquer sa soudaine disparition. Il meurt à St Saint-Pétersbourg neuf jours après la création sous sa direction de cette symphonie qui sera donc son testament musical. Il est évidemment tentant de faire le lien entre l'ambiance dramatique qui traverse cette œuvre et les difficultés sentimentales du compositeur. Rismki-Korsakov qui était présent à la création de la Pathétique le 28 octobre 1893, raconte dans sa Chronique de ma vie musicale, que Tchaïkovski lui avait confié qu'il y avait bien un programme dans cette musique à l'instar la Symphonie fantastique de Berlioz, mais qu'il ne souhaitait pas le dévoiler. On ne peut être plus clair.

Pour clôturer ce programme dédié à cet immense musicien, nous jouerons la Fantaisie-Ouverture de Roméo et Juliette du même compositeur. L'oeuvre n'est pas si souvent jouée au concert, alors qu'elle a été souvent gravée sur disque. Tchaikovski lui même, trouvait que c'était là une de ses meilleures compositions. Comme dans toutes les transcriptions musicales du célébrissime texte de Shakespeare, les batailles entre Capulets et Montagus, rythment dramatiquement la partition, laissant tout de même les élans des jeunes amoureux s'exprimer.

Dmitri Schostakovitch, né 13 ans plus tard dans cette même ville de St Saint-Pétersbourg où s’éteint Tchaïkovski , traverse l'histoire de de l'Union Soviétique, avec son cortège de terreur, de purges, de disgrâces et de réhabilitations. Son œuvre immense est souvent le reflet direct des errances du pouvoir en place à son égard, et le compositeur toute son existence, réagira artistiquement aux événements politiques de son pays. Le premier concerto pour violoncelle est dédié comme le second, à Mtislav Rostropovitch, autre défenseur des libertés et dissident du régime de l'époque. Il sera créé par cet interprète internationalement réputé, le 4 octobre 1959. Le compositeur sort à l'époque d'une crise d'inspiration liée à la situation politique mouvante et à plusieurs problèmes personnels graves notamment de santé. Il signe son concerto du motif musical DSCH (qui renvoie aux première lettres de son nom et de son prénom) comme le faisait Bach en son temps et comme il l'a fait lui même à plusieurs reprises, affirmant ainsi son énergie de vie malgré le tumulte. Il n'hésite pas, de façon tout à fait provocante, à citer une des chansons préférées de Staline dans le Final, en la caricaturant de manière sarcastique et ironique, afin de bien montrer qu'il restait meurtri de toutes les humiliations et persécutions dont il avait été l'objet et qu'il n'oubliait pas.

Jacques Chalmeau

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